La série des Rituels cherche à…
• Court-circuiter la distanciation- en premier lieu celle de la compréhension intellectuelle.
• Par un travail essentiellement axé sur les états et l’énergie, par la mobilisation d’éléments primaires (le sexe, le sang, …), construire des performances « chargées », qui s’adressent directement aux couches les plus profondes de notre être.
• S’adresser en priorité aux sens, aux émotions, à la libido et à la ferveur.
• Ne pas proposer de propos directement identifiable, mais des gestes symboliques primaux que chacun peut interpréter comme il le souhaite – s’il le souhaite (les travaux de Blandine Bril sur la grammaire des rituels peuvent nous aider à manipuler des “rithèmes”, éléments symboliques universels).
• Inviter à partager un moment hors du temps, magique, à réinventer ensemble la fonction des cérémonies païennes, à entrer dans une communion hors de toute religion identifiée.
Ce point de départ est loin d’être nouveau, il parcourt au contraire l’histoire du théâtre, forme alternative à celle du théâtre de texte, toujours rêvée par ses promoteurs comme plus pure, plus puissante, plus primale… (cf Luk Van Den Dries, infra).
J’assume cette filiation, le « courant artistique » dans lequel me place cette direction de recherche (celui d’Artaud, du Living Theater et du Performance Group, de Jan Fabre, de Romeo Castelucci), tout en ayant conscience de reproduire cette éternelle recherche, y compris dans ses clichés…
Gaël L.
(extrait du dossier de création des Rituels)
Ce manifeste reste d’actualité, même si chaque performance amène ses propres contraintes, ses propres envies – l’une est finalement plus narrative, l’autre plus mise en scène, dans l’une le sexe est juste évoqué, dans l’autre il est central… mais cette recherche reste là, et s’exprime à chaque nouveau départ, à chaque workshop (comme le workshop Rituels, sur la transe et le Sabbat).
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Les performances qui sont nées de ce processus :
rituel II – possession / rituel III – protection / rituel IV – passage / rituel V – danaïde
…et d’autres performances rituelles sont encore en cours de création.
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Amongst the origins of tragedy itself, there is a genetic strain to be found that goes back to the Dionysiac cults, centered around rituals of a markedly physical and ecstatic nature that were originally reserved for women.
The unknown nature of these rituals, and the potential for intoxication they contained, have always held up a mirror to the theatre of speech and action. It was as a ghost that survived in and through tragedy. In that ghost, the second definition of theatre was fixated with all characteristics that usually typify the Other in a phantasmatic way: fuller, deeper, more authentic, more satisfying, and so on. Often, it also fulfilled an antithetical function: physical instead of linguistic, irrational rather than rational, associative instead of logical.
Luk Van Den Dries, Ritual and Avant-Garde